Nettoyer la moisissure : méthode complète, produits, sécurité et odeurs
Dans une maison, une tache sombre sur un mur ou des joints noircis ne sont pas qu’une affaire d’esthétique : la moisissure (des champignons microscopiques) peut irriter les voies respiratoires et détériorer les matériaux.
Nettoyer, c’est bien ; mais le faire correctement, en traitant aussi la cause (condensation, infiltration d’eau, remontées capillaires), c’est ce qui empêche la prolifération de revenir. Les recommandations officielles convergent : ventiler, réparer l’humidité et nettoyer les surfaces atteintes en sécurité.
Avant d’attaquer : sécurité et préparation
Ouvrez grand les fenêtres (bonne aération), coupez l’alimentation d’une éventuelle VMC juste au-dessus de ta tête le temps du frottage si elle vous gêne, mais gardez une pièce ventilée.
Enfilez des gants, des lunettes de protection et, si la zone est étendue, un masque adapté. Les autorités rappellent de ne jamais mélanger l’eau de Javel (javel) et l’ammoniaque, ni l’eau de Javel et d’autres produits ; et de privilégier un nettoyage soigneux avec détergent avant toute désinfection.
Surfaces dures (carrelage, peintures intactes, vitres, plastiques)
Sur les supports non poreux, la règle est simple : nettoyer puis, si besoin, désinfecter.
Commencez par une solution savonneuse (eau tiède + liquide vaisselle ou savon noir) et une brosse souple : frotter les traces de moisissure avec une éponge imbibée, rincer à l’eau claire et laisser sécher.
Vous pouvez ensuite appliquer un nettoyant anti-moisissure du commerce (ou, en alternative, une solution de vinaigre blanc non mélangé) avec un vaporisateur : vaporisez, laissez agir, puis essuyer au chiffon propre.
Sur les joints de carrelage, une brosse à dents fait des miracles.
Sur petites surfaces, une solution d’eau de Javel diluée peut être utilisée (ne jamais mélanger, fenêtre ouverte) ; rincez bien ensuite.
Le CDC précise un maximum d’1 tasse (≈ 240 ml) d’eau de Javel pour 1 gallon (≈ 3,8 litres) d’eau.
Supports poreux et délicats (plâtre, placo, enduits, papiers peints)
Ici, prudence : un mur plâtre imbibé ou des papiers peints tachés gardent l’humidité dans leur masse. On évite d’imbiber davantage ; on préfère sécher la pièce (ventilation mécanique efficace, déshumidificateur), puis on évalue.
Les zones très atteintes se décollent/déposent plutôt que de « masquer » sous une peinture.
Au-delà d’un petit local, ou après inondation, faites appel à un professionnel pour le diagnostic humidité et l’assainissement.
Les autorités (OMS/ANSES) insistent : traiter la cause de l’humidité (ponts thermiques, infiltrations, capillaires) et sécher correctement est bien plus utile qu’un empilement de produits.
Textiles, moquette, rideaux et “petits malins”
Sur les textiles (rideaux, coussins), dépoussiérez d’abord (aspirateur avec sac propre), puis lavage en machine selon l’étiquette avec lessive. Si possible à 60 degrés pour tuer les champignons et moisissures encore en vie.
En cas de taches de moisi tenaces, vous pouvez prétraiter avec une pâte de bicarbonate de soude, ou un passage d’eau oxygénée (toujours sur zone cachée avant), puis rincez à l’eau.
Pour une moquette localisée, vaporisez une solution de vinaigre diluée, tamponnez au chiffon et laissez agir pendant quelques minutes avant de sécher avec du papier absorbant.
Deux rappels : ne pas inonder (risque d’odeurs), et laisser sécher complètement (ventilateur, air ambiant sec).
“Trucs de pro” pour décoller les taches sans abîmer
Les recettes de grand-mère ont leur place, à condition de rester raisonnable.
Le vinaigre blanc est utile pour enlever les taches superficielles (surtout sur surfaces dures) ; le savon noir et l’alcool ménager peuvent compléter.
Les cristaux de soude (ou soude) aident à dégraisser ; le bicarbonate peut désodoriser.
On peut pulvériser une solution avec un vaporisateur, laisser agir, puis frotter la tache à la brosse ou à la brosse à dents, rincer et sécher.
Évitez les mélanges hasardeux (ex. Javel + vinaigre = vapeurs irritantes) ; ne mélangez jamais la Javel et l’ammoniaque.
Si vous choisissez l’eau de Javel, gardez l’œil sur le dosage (solution diluée), appliquez localement au chiffon imbibé, rincez ensuite, puis laissez sécher.
Le CDC donne les repères de dilution et rappellent de ventiler pendant l’usage.
Éliminer les odeurs de moisissure (et les empêcher de revenir)
L’odeur de moisi vient de composés volatils produits par les micro-organismes ; si l’odeur persiste, c’est qu’il reste une source humide ou mal ventilée.
La solution passe toujours par l’aération, la ventilation (naturelle ou mécanique contrôlée bien réglée), l’assèchement (réparer une infiltration, corriger une condensation, évacuer l’humidité, faire fonctionner la VMC) et un nettoyage soigneux (eau savonneuse puis désinfection adaptée).
Des absorbeurs d’odeur d’appoint (bol de bicarbonate, charbon actif) peuvent aider, mais sans supprimer la cause. Les autorités de santé (Belgique/France/OMS) insistent sur ce triptyque : ventiler – traiter la cause – nettoyer.
À propos des lampes UVC (UVGI) et des odeurs
L’irradiation UVC (UVGI) est une technique de désinfection de l’air et des surfaces en ligne de visée. Les systèmes bien conçus (en plafond “upper-room” ou dans un réseau HVAC) peuvent réduire les microbes dans l’air ; en revanche, ils n’enlèvent pas une tache de moisissure ni les odeurs déjà imbibées dans un mur poreux.
L’EPA et l’ASHRAE soulignent que les UVGI domestiques ont une efficacité limitée et qu’une installation professionnelle est requise pour un résultat fiable et sûr (protection des yeux/peau, dosage, flux d’air, hauteur sous plafond).
Le CDC précise que l’UVGI est surtout un complément pour la qualité de l’air, pas un substitut à la réparation des problèmes d’humidité.
En bref : utile pour l’air intérieur dans certains cas, mais inutile pour « désoxyder » une odeur installée ; il faut d’abord nettoyer, rincer, sécher et corriger la cause.
Si vous envisagez des UVC, privilégiez des appareils certifiés et un dimensionnement par pro (normes/bonnes pratiques upper-room, entretien des lampes, protections). Les UVC provoquent des brûlures sur la peau et aux yeux, éviter une exposition directe et prolongée, portez des protections pour les yeux, comme un masque ou des lunettes de soudeur, conçues à cet effet.
À noter : en dessous de ~240 nm, certains systèmes peuvent générer un peu d’ozone ; il faut donc respecter les consignes du fabricant et veiller au renouvellement de l’air.
La littérature rappelle aussi que le rayonnement UV agit "à vue" : tout ce qui est à l’ombre ou en profondeur (biofilm, mur humide) n’est pas traité.
Quand appeler un professionnel ?
Si les murs et plafonds sont contaminés sur de grandes surfaces, s’il y a eu dégât des eaux, si le papier peint se décolle en larges pans, ou si tu suspects des infiltrations/remontées persistantes, l’appel à un professionnel s’impose. Il vérifiera l’étanchéité, le drainage, les fondations, proposera un plan de traitement de l’humidité et un assainissement durable, sans oublier la ventilation.
En Belgique, les services publics peuvent orienter et documenter la qualité de l’air intérieur.
En cas de dégâts des eaux, il est judicieux de bien lire sa police d'assurance-habitation, car la décontamination y est souvent couverte. Vous avez bien une assurance habitation, n'est-ce pas ?
Mémento express
Comment nettoyer sans abîmer : commencez par l’eau savonneuse (éponge, brosser doucement), rincer, sécher. Selon le support, complétez avec vinaigre blanc ou produit nettoyant anti-moisissure ; la Javel n’est qu’un outil parmi d’autres (solution diluée, ventilation, ne jamais mélanger).
Évitez d’imbiber les matériaux poreux ; sur papiers peints/enduit très atteints, mieux vaut déposer et refaire que masquer.
La clé, c’est d’assainir durablement : réparer infiltration ou condensation, ventiler, laisser sécher.
Et pour les odeurs, n’espérez pas un miracle en bombe : il faut ôter la source, puis seulement désodoriser.
Sources de référence (sélection) :
OMS – Guidelines for indoor air quality: dampness and mould •
ANSES – Prévenir les moisissures •
Sciensano – Pollution de l’air intérieur •
UK Gov – Damp & mould: health risks •
CDC – Mold clean-up & Bleach safety •
EPA – UVGI & moisissures •
ASHRAE – UV air & surface treatment (chapitre) •
Wikipedia – UVGI.
Contenu informatif, ne remplace pas un avis médical. En cas de gêne respiratoire importante ou d’exposition massive, contactez un professionnel.
