Moisissures dans la maison : pourquoi elles apparaissent et comment elles se développent
Dans une habitation, les moisissures sont des champignons microscopiques qui se propagent par les spores. Elles nuisent aux matériaux et peuvent irriter les voies respiratoires des occupants. Comprendre pourquoi elles s’installent est la première étape pour protéger la qualité de l’air et éviter les problèmes d’humidité.
1) D’où viennent-elles ? Le chemin des spores
Les spores sont présentes dans l’air extérieur en permanence. Elles entrent avec vous (vêtements, chaussures, animaux), via les grilles d’aération, les bouches d’un système de ventilation (VMC simple flux ou ventilation mécanique contrôlée), par les micro-infiltrations d’air, ou encore lorsque vous aérez.
Sans oublier les objets divers que vous ramenez à l'intérieur: les courses du marché, les livres trouvés à la brocante, ce petit meuble acheté aux puces, les feuilles mortes pour l'herbier du petit dernier,...
Une fois à l’intérieur, elles se déposent sur la poussière, les fibres et les surfaces poreuses (papiers, papier peint, plâtre, bois, tissus). Tant que l’environnement reste sec et ventilé, elles restent silencieuses. Dès que l’humidité dans la maison augmente, elles trouvent un terrain fertile pour commencer à prospérer.
Note: une maison propre et bien tenue n'est pas beaucoup moins sujette aux moisissures tant que l'humidité reste élevée. Cependant, une bonne hygiène générale du logement peut diminuer les risques.
2) Qu’est-ce qui déclenche l’installation ? Les quatre conditions clés
Pour qu’une colonie démarre, quatre ingrédients se combinent :
- humidité prolongée,
- températures compatibles (souvent nos intérieurs chauffés),
- nutriments (poussières, matières organiques) et
- air vicié peu renouvelé.
3) Humidité : d’où vient-elle dans une maison “normale” ?
Dans le quotidien, l’humidité de l’air vient d’abord de nos activités : cuisiner (sans hotte efficace), doucher, sécher le linge dedans, stocker des cartons dans une cave mal ventilée.
Elle peut aussi provenir d’une infiltration d’eau (toiture, murs extérieurs, canalisation), de fuites visibles ou invisibles, d’une inondation (dégât des eaux), ou elle peut simplement remonter du sol par capillarité (remontées capillaires ascensionnelles) quand l’étanchéité est défaillante.
Enfin, certaines rénovations renforcent l’isolation thermique mais diminuent le renouvellement d’air: sans ventilation adaptée, l’humidité ambiante s’accumule.
4) Condensation et ponts thermiques : le duo qui piège les coins froids
D'un point de vue purement physique, l'humidité relative tend à diminuer lorsque la température augmente sans qu'on aie rajouté d'eau à l'environnement. Du coup, en refroidissant la température ambiante, sans le savoir, on augmente l'HR.
Si l’air est chaud et chargé de vapeur, il “donne” son eau lorsque qu’il rencontre une surface froide (angle de pièce, vitres, linteau, cloisons donnant sur l’extérieur).
Ce condensé humidifie peinture et enduits ; jour après jour, l’humidité des murs se maintient et l’apparition de moisissures devient visible en taches d’humidité ou traces de moisissure.
Les ponts thermiques (ruptures d’isolation) et le mobilier placé contre les murs garde l’humidité et aggrave le phénomène.
Garder un oeil sur un hygromètre d'intérieur est une idée judicieuse. Pour savoir quelle HR maintenir dans votre logement, lisez notre article: Taux d’humidité idéal anti-moississure : le guide pour une maison saine
5) Ventilation : quand “manque d’air” rime avec colonie
Un logement doit respirer. Sans ventilation naturelle (fenêtres) ou systèmes de ventilation bien réglés (VMC simple flux, par insufflation VMI, double flux), l’air intérieur devient vicié, la vapeur ne s’évacue plus et l’humidité relative grimpe.
Dans une salle de bains sans extraction, après chaque douche, la pièce reste trop humide ; dans une cuisine sans hotte, la cuisson injecte de la vapeur. Pareil pour une buanderie ou la pièce ou vous faites sécher le linge de la dernière lessive.
Résultat : une hygrométrie qui dérive et un climat propice au développement des champignons.
6) Matériaux et objets “préférés” des moisissures
Les spores colonisent plus vite sur les supports qui leur apportent eau + nutriments.
Côté matériaux : papiers peints et cartons, plâtre farineux, bois et enduits poreux retiennent l’eau ; des sels (stylés salpêtre au bas des murs) signalent des remontées d’humidité, ce qui en fait des endroits à vérifier régulièrement.
Côté objets : les livres, boîtes en carton ou en bois, meubles en bois, textiles en fibres naturelles (rideaux, coussins, draps, matelas, moquettes, abat-jours) absorbent l’eau contenue dans l’air ambiant et deviennent des niches.
Dans une cave, les maçonneries humides et les stockages “ras du sol” entretiennent une sensation d’humidité et des mauvaises odeurs. Le brol qui s'accumule dans les piles de cartons sont des nids de prédilection pour les moisissures.
7) Signes annonciateurs (avant les taches)
Votre nez est souvent le premier détecteur : l’odeur de moisi trahit une présence d’humidité prolongée.
Viennent ensuite la buée sur le vitrage, surtout le matin, des traces d’humidité au bas des murs, un décollement de papiers peints ou des auréoles sur plafonds.
Sur les murs intérieurs “froids”, on voit d’abord un voile gris, puis des taches noires.
Dans les pièces humides, les joints de douche se décolorent et foncent rapidement ; au sous-sol, le mur humide peut poudrer (salpêtre).
8) Les grandes familles de causes
Condensation : excès d’humidité produit à l’intérieur + mauvaise ventilation + surfaces froides.
Infiltrations d’eau : fuites en toiture ou en canalisation, défaut d’étanchéité en
murs extérieurs, eau de pluie mal gérée, fondations exposées, drainage insuffisant.
Remontées capillaires : eau du sol aspirée par les matériaux capillaires (phénomène de capillarité)
en l’absence de barrière étanche ou de membrane efficace.
Accidents : inondation, dégât des eaux, pièce restée ventilée insuffisamment après séchage.
9) Pourquoi les logements récents ne sont pas épargnés
L’isolation thermique performante limite les pertes mais réduit parfois les fuites d’air “naturelles” ; sans ventilation mécanique bien dimensionnée (simple flux, double flux), l’humidité reste.
Les ponts thermiques ponctuels créent des zones froides où la condensation se dépose. Enfin, des modes de vie très “intérieurs” (télétravail, sécher le linge dedans) font monter l’humidité ambiante.
10) Mesurer pour comprendre (sans encore traiter)
Un hygromètre vous indique le niveau d’humidité (taux d’hygrométrie) ; noter les heures d’usage (douches, cuisson), l’aération, la météo (temps très humide) aide à relier symptômes et causes.
Observer la ventilation (bouches, prises d’air, grilles obstruées), vérifier les fissures ou les zones “bas des murs” peuvent suffire à poser un diagnostic humidité d’orientation.
En cas d’indices lourds (murs humides persistants, humidité ascensionnelle, odeurs, suspicion de mérule), un appel à un professionnel est judicieux pour confirmer la cause de l’humidité.
Remarque : cet article décrit les mécanismes d’apparition et de développement des moisissures (air ambiant, humidité relative, matériaux). Les solutions pratiques (nettoyants, Javel, absorbeurs, déshumidificateur d’air, réglages de ventilation) sont abordées dans les pages dédiées.

